Enseignement bilingue : la rectrice n’est pas la bonne cible
La décision prise par quelques élus alsaciens et présidents d’associations de demander le départ du recteur Armande Le Pellec-Muller, en lançant une pétition publique de surcroît, est une erreur. Cette regrettable initiative aura pour seul effet de masquer les vrais responsabilités dans le recul de l’enseignement bilingue paritaire français-allemand en Alsace. Les changements intervenus dans les modalités de l’enseignement bilingue avaient été annoncés par la rectrice dès juin 2011. En diminuant le nombre d’heures d’enseignement en allemand, l’État et le rectorat étaient revenus unilatéralement sur les termes de la convention passée en 2007 entre les collectivités alsaciennes et le rectorat.
Le mouvement Alsace d’Abord avait demandé dès juin 2011 que les collectivités alsaciennes suspendent le versement au rectorat des 3 millions d’euros annuels prévus par la même convention. C’était le seul moyen de faire reculer le rectorat, et c’est aujourd’hui encore le seul moyen d’y parvenir.
Il est incompréhensible qu’aujourd’hui, dix-huit mois après avoir appris les mesures restrictives par la rectrice elle-même, des responsables alsaciens s’en prennent à un fonctionnaire qui n’a fait qu’obéir à son ministère et se plier aux contraintes budgétaires qui lui ont été imposées par Paris.
Les présidents des collectivités alsaciennes, co-financeurs du dispositif d’enseignement bilingue, n’auraient jamais dû accepter les modifications introduites par Mme Le Pellec-Muller. Cette attitude passive ne laisse d’ailleurs augurer rien de bon quant aux lendemains du prochain référendum sur le Conseil unique d’Alsace. Si l’objectif de la fusion est de permettre à l’Alsace d’être forte vis-à-vis de Paris, c’est mal parti.
Alsace d’Abord demande depuis plus de vingt ans la régionalisation du système éducatif en Alsace. Une fois encore, l’actualité nous donne raison. Les collectivités territoriales construisent et entretiennent à grands frais les écoles, les collèges, les lycées, mais n’ont aucun droit de regard sur ce qui se passe à l’intérieur des établissements d’enseignement. La fusion de la Région et des départements doit impérativement conduire très vite à de vastes transferts de compétences et de ressources de l’État vers la région. Une partie de la TVA collectée en Alsace doit y rester, pour que nous puissions décider nous-mêmes de ce qui est bon pour l’avenir de notre région.