Gesticulation des Eurodéputés contre la Turquie
Dans une résolution adoptée à une très large majorité, les eurodéputés ont demandé un gel temporaire des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, négociations commencées en 2005. Cette résolution, adoptée le 24 novembre 2016 par 479 voix pour, 37 contre et 107 abstentions, appelle plusieurs commentaires.
1 – La résolution votée par les députés européens à Strasbourg n’est pas contraignante. On mesure ainsi le rôle dérisoire du Parlement européen dans la combinaison complexe des institutions européennes : tout, sauf un modèle de démocratie représentative.
2 – Si ces négociations d’adhésion de la Turquie n’avaient pas été entamées en 2005, ou si elles avaient été définitivement arrêtées depuis, nous ne serions pas aujourd’hui l’objet du chantage d’Erdogan qui menace, comme mesure de rétorsion, de rompre l’accord sur les réfugiés et de laisser déferler sur l’Europe une nouvelle vague de migrants.
3 – L’initiative des Eurodéputés ne vise nullement à arrêter définitivement le processus d’adhésion de la Turquie, mais seulement à le geler temporairement, jusqu’à ce que « les mesures répressives disproportionnées » en cours depuis le coup d’État avorté de juillet soient levées. Cette résolution n’a été votée que pour calmer les opinions publiques européennes de plus en plus inquiètes.
4 – La gesticulation des députés de Strasbourg n’aura que peu d’effet. Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, la Commission européenne, et les gouvernements de la majeure partie des États membres de l’UE sont opposés au gel des discussions avec la Turquie, au mépris de la volonté ultra-majoritaire des peuples européens.
La question turque, dont l’importance est toujours sous-estimée par les dirigeants européens, va empoisonner l’avenir de l’Europe pendant de longues années encore. En agissant comme ils l’ont fait depuis des décennies, les responsables européens ont peu à peu détourné les peuples européens de l’idée européenne. Ils sont les premiers responsables de ce qu’ils déplorent aujourd’hui.
En 2006, nous attirions déjà l’attention sur ce sujet sensible :