La Région ferait mieux de défendre le droit local au lieu de demander à l’État la charge des routes nationales
Le 15 janvier 2016, le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace annonçait sur la même page deux informations importantes, sans même songer à établir un lien entres les deux nouvelles. D’une part, Philippe Richert, sitôt élu président de la nouvelle région Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine, s’apprête à demander à l’État la charge des routes nationales et la gestion d’une nouvelle taxe poids lourds. D’autre part, Daniel Lorthiois, président du Régime local d’Assurance maladie depuis 1995, en arrive à écrire à François Hollande pour tenter de sauver ce régime une nouvelle fois Émenacé par les décisions du gouvernement.
Les routes nationales, nouvelle charge pour la Région ?
Chaque fois que les collectivités territoriales se sont vues transférer une charge relevant de l’État, c’était un marché de dupes. Dès la deuxième ou troisième année suivant le transfert, le financement de l’État ne suivait plus les dépenses nouvelles incombant à la Région ou au Département. Et c’est donc le contribuable qui devait financer les conséquences de ces transferts. En Alsace, les responsables politiques s’accommodent très bien de ces contrats déséquilibrés. Ils en redemandent même. Il y a quelques années Adrien Zeller, prédécesseur de Richert à la tête de la Région, avait demandé le transfert à la Région des personnels techniques des Lycées. À cette époque, les élus du Mouvement Régionaliste Alsace d’Abord avaient demandé que le Conseil régional ait la responsabilité du choix des chefs d’établissement, première étape d’une régionalisation du système éducatif, et que l’on laisse à l’Éducation nationale la charge des personnels techniques. Mais l’État a saisi cette occasion de satisfaire la demande du président de Région.
Le mauvais choix du président de Région
Aujourd’hui, le budget de l’ACAL est de 2 milliards €, soit le cinquième budget des régions françaises. Insuffisant pour l’ego de Philippe Richert. Il demande donc que soit transférée à la nouvelle région la charge des routes nationales avec le personnel correspondant. Quelle erreur ! Si cela devait arriver, nous le payerions cher. Il faut qu’au contraire la Région concentre ses efforts sur les secteurs qui déterminent l’avenir. Aujourd’hui, la Région construit et entretient les murs des Lycées, mais n’a aucun pouvoir sur ce qui se passe à l’intérieur. Nous devons, dans un premier temps, demander un droit de regard sur le recrutement des proviseurs de Lycées. Et un autre sujet dont devrait s’occuper en priorité Philippe Richert, c’est l’avenir du régime local d’assurance maladie.
Le régime local d’assurance maladie survivra-t-il ?
Le régime local du système de santé régulièrement attaqué par l’État, est aujourd’hui en grand danger. Depuis des années, ni son président Daniel Lorthiois, ni les responsables politiques alsaciens ne voulaient entendre les mises en garde qui leur étaient adressées. Aujourd’hui, les décisions du gouvernement sur la généralisation de la complémentaire-santé fragilise le régime local. Que fait Philippe Richert ? Rien. Il est vrai que ce régime ne concerne que trois départements sur dix et qu’il est très occupé par le transfert de la compétence sur les routes nationales.