Présidentielle : les paradoxes du vote alsacien
Au lendemain des élections présidentielles, tous les responsables politiques alsaciens ont scrutés les résultats, canton par canton, pour analyser les reports de voix et préparer les prochaines législatives.
L’Alsace s’est singularisée en votant massivement pour Nicolas Sarkozy, mais ce vote fait apparaître de curieux paradoxes, tout au moins en apparence.
Les Alsaciens sont, avec les Corses, les Français les plus attachés à leurs spécificités et à leurs particularismes régionaux. Et pourtant, au premier tour, la majorité d’entre eux ont donné leur voix aux candidats qui refusaient la ratification de la charte des langues minoritaires : Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen sont arrivés en tête au premier tour avec un score cumulé de plus de 55 %. Ce sont aussi ces candidats qui avaient, dans leur programme, prévu la restriction des pouvoirs des collectivités au profit d’un État renforcé.
Les Alsaciens se sont toujours montrés les plus européens des Français. Ils l’ont prouvé – et largement – lors du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, comme pour le référendum sur le traité constitutionnel en 2005. À chaque fois, ils ont donné au « oui » le meilleur résultat de toutes les régions françaises. Et pourtant les Alsaciens viennent d’offrir un score très élevé à la candidate du FN, la candidate la plus anti-européenne.
Comment s’expliquent ces paradoxes ? Eh bien, tout simplement les électeurs alsaciens ont hiérarchisé leurs critères de choix ; ils ont mis en tête de ces critères la question de l’immigration. Tant pis pour l’euro et l’Europe, tant pis pour la langue régionale, il faut d’abord et avant tout mette fin à l’immigration non-européenne. Voilà ce que veulent les Alsaciens. Nos responsables politiques feraient bien de méditer ces résultats avant d’autoriser la construction de mosquées et de minarets.